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WHN Science Communications

COVID-19 est Toujours Parmi Nous : Nous Avons Les Moyens de la Contrôler

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    PlumX
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    Alors que nous entrons dans la troisième année de la pandémie, nombre de pays ont allégé voire supprimé les mesures visant à se protéger de SARS-CoV-2, en dépit d’un nombre de contaminations très élevé et en augmentation dans certains d’entre eux. Alléger les mesures, sans avoir mis en place des moyens efficaces de contrôler le virus, facilite sa transmission avec les conséquences que nous connaissons : plus de décès, de Covid longs et de perturbations sociales, économiques et politiques.

    A plusieurs reprises, les autorités publiques ont annoncé la fin de la pandémie. L’émergence des variants Alpha, Delta et Omicron ont montré l’inverse. Tant que les individus ne seront pas totalement indifférents au fait de mourir prématurément ou d’être malade de manière régulière, ou tant que nous n’aurons pas changé nos infrastructures et nos comportements, il n’y a aucun moyen de vivre normalement avec ce virus devenu endémique. Il nous faut rapidement mettre en place les mesures capables de limiter sa propagation.

    Au 18 mars 2022, on comptait 1,8 million d’infections par jour dans le monde selon World in Data. Le sous-variant BA.2 circule actuellement. Il est aussi différent d’Omicron (BA.1) que ce dernier l’était de Delta. Les réinfections sont susceptibles de se produire un mois après la dernière infection. Alors qu’Omicron présentait déjà une capacité à échapper aux vaccins, la situation est pire pour BA.2. Si Omicron a pu sembler plus bénin, c’est parce que dans de nombreux pays la population est largement vaccinée et – fort heureusement – la vaccination protège bien des formes sévères. La situation à Hong-Kong devrait néanmoins nous faire réaliser que le combat n’est pas terminé, surtout quand toute la stratégie est fondée sur les vaccins. Ces derniers protègent des formes graves à condition qu’ils soient uniformément distribués au sein de la population et très régulièrement renouvelés. Cependant, un certain nombre de personnes à risque, notamment les personnes sévèrement immunodéprimées, restent insuffisamment protégées par la vaccination.

    D’autres mesures que le vaccin

    SARS-CoV-2 est un virus à ARN qui mute rapidement. Il a la capacité de provoquer des changements importants par recombinaison entre variants ou quand il échange de l’ARN avec d’autres coronavirus. Lorsqu’on lui donne la possibilité d’infecter un très grand nombre de personnes, le virus multiplie ses chances de produire des mutations qui le rendent plus adapté et capable de contaminer davantage. C’est aussi pour cela qu’il est si important de contrôler le nombre de contaminations. Il faut ralentir le processus d’émergence de nouveaux variants. Et comme les vaccins ne sont pas capables de limiter suffisamment la transmission, il faut d’autres mesures pour y parvenir.

    Encore aujourd’hui, la croyance selon laquelle il y aurait une sorte de compromis entre virulence et transmission reste très présente dans le débat. L’idée serait que le virus en devenant plus contagieux, perde en dangerosité. Cette théorie a été invalidée de longue date par Anderson et May.

    La croyance selon laquelle les infections sont acceptables tant que les hôpitaux ne sont pas pleins n’est pas soutenable non plus, sachant que chaque jour des personnes meurent de Covid dans une relative indifférence. Tout d’abord, lorsque les hôpitaux fonctionnent à plein régime, les soignants s’épuisent (y compris côté ambulatoire), ils sont davantage à risque de se faire contaminer, ce qui accentue la pression sur le système de santé. Ensuite, une vision hospitalo-centrée ne prend pas en compte l’impact individuel et sociétal des conséquences des infections, comme le Covid long ou les séquelles potentielles. Le Covid long est aujourd’hui une maladie bien documentée. Il affecte une proportion importante des personnes contaminées, entre 10 et 50% selon la mesure, la durée et les études, et peut se déclarer après des formes légères ou asymptomatiques de la maladie initiale. Un grand nombre souffre de dommages sur les organes et d’une perte des fonctions cognitives. Des formes sévères de Dovid long affectent 10-15% des personnes qui se retrouvent affligées de problèmes cardiovasculaires très sérieux (3% des cas légers n’ayant pas nécessité d’hospitalisation), brouillard cérébral, problèmes neurologiques, maladies chroniques comme le diabète, et prédisposition potentielle aux maladies d’Alzheimer et Parkinson.

    Par ailleurs, l’encombrement du système de santé conduit à des déprogrammations, une détérioration du fonctionnement des services, un allongement du temps d’attente aux urgences, un accès beaucoup plus restreint aux spécialistes, ce qui au total retarde la capacité de diagnostic et de traitement du système ou le rend inaccessible et, par conséquent, dégrade grandement la prise en charge des personnes atteintes de maladies chroniques ou d’un cancer.

    Pour 30 personnes décédées de Covid, on compte une personne décédée du fait d’une surcharge du système de santé. Les personnes atteintes d’un cancer sont particulièrement concernées, avec des prises en charge retardées de plus de 4 semaines et un nombre de thérapies diminué de 32 000 cas. Le nombre de greffes d’organes réalisées dans le monde a également chuté de façon très importante en raison de l’épidémie.

    Ces problèmes peuvent s’accroître très rapidement et peuvent très vite nous dépasser. Une étude des CDC montre que si l’utilisation des services de réanimation augmente d’un facteur 2 (passant de 50 à 100 %), l’excès de mortalité augmente d’un facteur 10.

    Dépistage et aération

    La croyance que la pandémie est terminée est aussi fondée sur l’idée que les personnes les plus vulnérables parmi nous, en particulier les personnes sévèrement immunodéprimées peuvent et doivent se protéger elles-mêmes du reste de la population. En dehors du problème éthique que cela pose, il n’y a pas moyen de s’isoler efficacement quand l’ensemble du reste de la population abandonne toute forme de protection et laisse le virus se propager. Par ailleurs, dans nombre de pays où des moyens existent pour mieux protéger les personnes immunodéprimées sévères – schémas vaccinaux renforcés, traitement prophylactiques et curatifs – leur accès reste restreint et inégalitaire. Faute de mobilisation suffisante des pouvoirs publics mais aussi des professionnels de santé, ils sont trop souvent considérés comme peu utiles.

    Toutes ces croyances proviennent peut-être en partie d’une forme de fatalisme qui est largement répandu et qui se nourrit de l’idée qu’il n’est pas en notre pouvoir de contrôler la situation. Ce serait compréhensible si cela était vrai. Depuis le début de la pandémie, des pays occidentaux – parmi les plus libéraux au monde – ont réussi à éliminer le virus pendant 18 mois. Sur tous les plans, ils ont été les grands gagnants, qu’il s’agisse de santé, économie, mobilité ou libertés. Bien sûr, les gens se sont fatigués des restrictions mais qu’il s’agisse de santé, d’économie ou de liberté, on sait ce qui fonctionne, et la bonne nouvelle aujourd’hui est que cela ne suppose pas nécessairement de confiner. Les confinements font partie de la stratégie quand ils sont locaux et de courte durée mais nous avons d’autres moyens grâce aux innovations technologiques. Le dépistage de masse accompagné d’une bonne aération en intérieur permet l’élimination des virus.

    Il est évident qu’il est plus difficile d’éliminer des variants plus contagieux. Cela signifie qu’il ne faut pas perdre de temps à mettre en place à grande échelle les innovations aujourd’hui à notre disposition, qu’il s’agisse des tests, des masques, des purificateurs d’air HEPA et des détecteurs de CO2, des moyens d’analyse des données pour mieux cibler les mesures. Les actions au sein des communautés, le partage des responsabilités et la confiance des dirigeants locaux sont essentiels à cet effort.

    Mesures pour maîtriser les contaminations

    Pour nous en sortir, nous devons tordre le cou à deux fausses croyances. La première est que la pandémie est finie et la deuxième est qu’il n’y a plus rien à faire. C’est erroné. On peut stopper les infections en 4 à 6 semaines si on s’y prend bien. Le cycle d’infection d’Omicron et BA.2 présente l’avantage d’être plus court, ce qui accélère la baisse quand elle est enclenchée, de même qu’a contrario la reprise est aussi plus rapide. Il est urgent de prendre les mesures suivantes pour maîtriser les contaminations:

    – Assurer un suivi épidémiologique basé sur le nombre de cas et les impacts sur le système de santé.

    – Faire des tests régulièrement voire envisager le dépistage à grande échelle.

    – Poursuivre activement le traçage, l’isolement et les quarantaines.

    – Porter des masques FFP2/N95/KN95 en intérieur y compris dans les transports publics.

    – Assurer une protection efficace des personnes vulnérables, en particulier immunodéprimées avec notamment des schémas vaccinaux renforcés, prophylaxie par anticorps monoclonaux, traitements curatifs en cas de contamination.

    – Apporter une aide financière à tous ceux qui sont affectés par la pandémie et les réponses qu’ils doivent y apporter comme le fait de s’isoler.

    – Communiquer efficacement sur la possibilité d’atteindre rapidement ensemble l’élimination, tout en reconnaissant le vrai coût social, économique et en termes de santé de ne pas y parvenir.

    – Mettre en place des systèmes de ventilation et des purificateurs dans les espaces publics confinés.

    La pandémie n’est pas finie et nous avons les moyens de la combattre. Ne répétons pas les erreurs du passé: reconnaissons les signaux qui s’accumulent et mobilisons-nous contre cette menace existentielle.

    Signataires français : Fabienne Blum (Pharm. D, président Citizen4Science); Yvanie Caille (fondatrice de Renaloo); Matthieu Calafiore (directeur du département de médecine générale de la faculté de médecine de Lille); Dominique Costagliola (directrice de recherches émérite INSERM); Laure Dasinieres (journaliste indépendante); Stéphane Dedieu (professeur des universités); Corinne Depagne (M.D.); Claude-Alexandre Gustave (biologiste médical); Christophe Lamarre (médecin généraliste); Louis Lebrun (médecin spécialiste de santé publique); Christian Lehmann (médecin généraliste); Andreea-Cristina Mas (collectif Covid long pédiatrique); Arnaud Mercier (professeur en communication, université Paris-Assas); Cécile Philippe (Institut économique Molinari et World Health Network); Michael Rochoy (M.D., Ph.D., université de Lille); Barbara Serrano (maîtresse de conférences associée, université Paris-Saclay); Florent Tetard (maitre de conférences LSPM CNRS Université Sorbonne Paris Nord); Marie Valdes (présidente association PIMS Covid); Armelle Vautrot (chercheuse spécialisée en trauma, psychanalyste, écrivain); Elisa Zeno (PhD, ingénieure de recherche, collectif Ecole et familles oubliées).

    Signataires internationaux : Yaneer Bar-Yam (New England Complex Systems Institute and World Health Network, Etats-Unis); Matti Heino (université d’Helsinki, Finlande); Matthias F. Schneider (Technical University of Dortmund, Allemagne); Shu-Ti Chiou (Health and Sustainable Development Foundation, Taïwan); Sunil kumar Raina (community medicine, Dr. RP Govt Medical college Tanda, Inde); Tiffany James, (New England Complex Systems Institute and World Health Network, Etats-Unis); Carlos Gershenson, (Universidad Nacional Autónoma de México, Mexique); Stephen Duckett (director, Health and Aged care Program, Grattan Institute, Australie); Greta Fox (FNP-BC, Covid Action Group and World Health Network, Etats-Unis); Gunhild Alvik Nyborg (Covid Action Group and World Health Network, Norvège); Eric Feigl-Ding, (New England Complex Systems Institute and World Health Network, Etats-unis); Catherine Marsh (New England Complex Systems Institute et EndCoronavirus.org, Etats-Unis); Kaitlin E. Sundling (M.D., Ph.D., World Health Network, Etats-Unis); Stephane Bilodeau (Eng., PhD, Engineers Canada Fellow, Smart Phases, Canada); Christopher Kocher (executive director, Covid Survivors for Change, Etats-Unis); Michael Baker (professor of Public Health, University of Otago, Wellington, Nouvelle-Zélande); Andreas Peichl (professeur d’économie, ifo Institute, University of Munich, Allemagne); Kevin Schallert (Covid-19 National Scientist Volunteer Database, Etats-Unis); Malgorzata Gasperowicz (PhD, University of Calgary, ZeroCovidCanada.org, Canada).

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